<![CDATA[Le Plumorum : Forum de claviardages littéraires, artistiques, philosophiques, spirituels, sur les actualités... / Project Chaos - Histoire humoristique à suivre]]> 2012-09-27T13:58:43Z FluxBB http://leplumorum.free.fr/viewtopic.php?id=29 <![CDATA[Réponse à : Project Chaos - Histoire humoristique à suivre]]> …  Sou­dain, un vor­tex noi­râ­tre se forma tout à côté. La plume et le corps lié y plon­gè­rent sans se poser de ques­tion, pour réap­pa­raî­tre dans un clair-obs­cur.
Cette fois-ci, ce vor­tex resta ouvert.
Non loin, en face, adossé à un mur de suie sem­blant n’avoir de fin, que cela soit en hau­teur à droite ou à gau­che, en des­sous de l’uni­que fenê­tre - en arc de cercle légèrement pointu au sommet - visi­ble à vue d’oeil, un homme res­tait immo­bile, tête bais­sée, crâne cou­vert d’une capu­che noire, le reste de la chair emmi­tou­flée dans une toge tout aussi noire.

Les poils de l’auteur se dres­sè­rent. Il eut une étrange sen­sa­tion, une sorte de froid dans le dos sans vrai­ment avoir froid, du moins qu’un court ins­tant, de celui qui pré­cède l’intros­pec­tion… De l’homme se déga­geait une pro­fonde soli­tude, comme s’il cher­chait à se cacher de tous, y com­pris de lui-même, sans pour autant en être tota­le­ment affecté, y trou­vant même une paix cer­taine, tel un puis­sant feu dor­mant pro­tégé par une bulle givrée avec assez d’espace pour qu’ils ne s’affec­tent pas res­pec­ti­ve­ment.
Par la fenê­tre, se dis­tin­guè­rent des ombres som­bres rôdant autour, sur un fond bleu. De temps en temps, elles sem­blè­rent vou­loir mener un assaut, mais n’étaient pas assez éthé­rées pour pas­ser  à tra­vers la matière sépa­ra­trice, ni assez pal­pa­ble pour sim­ple­ment la bri­ser.

… Sou­dain, la plume suinta l’encre sang, s’échappa de la main qui la tenait… et alla se dres­ser face à la fenê­tre. Tout de go, dans un élan fluide, l’homme se redressa et se tourna vers la fenê­tre, l’ouvrit en se sai­sis­sant de la plume qu’il agita dans l’air…

Il s’échappa des éclairs rou­geâ­tres qui allè­rent frap­per les ombres… et les trans­for­mè­rent en fleurs géan­tes. L’homme lâcha la plume, grimpa sur le bord, sauta, com­mença à cou­rir vers la gau­che, en sou­le­vant sa capu­che au moment où il quitta l’hori­zon vu par la fenê­tre depuis la posi­tion du scri­bouilleur, et la plume n’en vit pas plus non plus, s’étant retour­née. Elle sen­tit néan­moins qu’il avait fait fon­dre le givre et que son éner­gie s’était con­nec­tée avec celle de ce monde… Quel­ques mots se déga­gè­rent de tout ceci…

« Dans le silence agité
De l’age­nouillé,
Dans l’ombre
du cha­grin
alité,
Tom­bent les armes…

Une fois con­sommé,
Il n’y a plus qu’à se bais­ser,
Ramas­ser le glaive maculé
du pur
Et se rele­ver
A la recher­che de la vraie lumière… »

Aus­si­tôt ancrés, nos deux com­par­ses repas­sè­rent par le vor­tex… Qui ne s’éva­pora tou­jours pas une fois arri­vés dans un ailleurs, si ce n’est qu’il ne fut plus noi­râ­tre, mais… arc-en-ciel. Le ciel cré­pus­cu­laire en était recou­vert de plu­sieurs. Un bâti­ment cir­cu­laire royal, en or rouge, res­sem­blant à celui du vil­lage de Flo­ro­rie sur la pla­nète de L’or des pas­sa­ges, se dres­sait devant. Juste à côté, sur une pan­carte en or blanc, était écrit en or vert :

« Urgent,

Cher­che per­son­nes moti­vées pour faire la révo­lu­tion uni­ver­selle !

S’adres­ser à votre ambas­sade fée­ri­que en fai­sant six fois le tour de vous même dans le sens des aiguilles d’une mon­tre, un poing levé et en coeu­rant « vive le par­tage ! » »

Sur  ces mots, la plume s’agita, l’auteur se laissa gui­der, exé­cuta la sorte d’incan­ta­tion…

La plume révéla dans la fou­lée ce qui dor­mait dans une page blan­che :

« Sur mes plans de scri­bouilleur
Sur mes brouillons et la pous­sière de toile
Sur l’ère de l’automne
J’écris ton nom

Sur tous les uni­vers visi­tés
Sur tous les ins­tants à venir
Glace feu eau ou terre
J’écris ton nom

Sur le jour­nal aimé
Sur les cala­mes posés
Sur le cri silen­cieux des esprits
J’écris ton nom

Sur l’urbain et le rural
Sur les murs sur les toits et les foyers
Sur les sta­tues de sel
J’écris ton nom

Sur les rêves du jour et de la nuit
Sur les engre­na­ges héri­tés d’ori­gine rouillés
Sur le temps à dérou­ler
J’écris ton nom

Sur tou­tes les pages déchi­rées
Sur les non-dits man­gés par les vers
Sur l’hori­zon qui bouge
J’écris ton nom

Sur les abîmes plai­nes et montagnes
Sur l'oeil de la lune
Et sur les crins solaires
J'écris ton nom

Sur cha­que ins­pi­ra­tion des tri­pes
Sur ce qui sépare et réu­nit
Sur la soif et la faim de vie
J’écris ton nom

Sur les nua­ges trou­blés
Sur le vent déchaîné
Sur les gout­tes volon­tai­res cor­ro­si­ves
J’écris ton nom

Sur les for­mes tapies dans l’ombre
Sur les mur­mu­res pesés dans le noir
Sur la vérité de l’union du corps et de l’esprit
J’écris ton nom

Sur les voies du réveil
Sur les ave­nues à venir
Sur les con­ver­gen­ces qui tré­pi­gnent
J’écris ton nom

Sur les écrans qui s’allu­ment
Sur les écrans qui s’étei­gnent
Sur nos rai­sons sen­ties
J’écris ton nom

Sur le socle iné­bran­la­ble
De l’élan qui ne coupe la poire en deux
Sur ma main sou­ple mais ferme
J’écris ton nom

Sur l’étin­celle bouillante
Qui ouvre les murs de ma tête
Sur les flux de mon corps et mon âme enra­gés
J’écris ton nom

Sur ce qui ne doit plus durer
Sur les chaî­nes à bri­ser
Sur les remous des indi­gnés
J’écris ton nom

Sur tout ce qui est avalé
Dans la poi­gnée ten­due
Sur cha­que poing levé
J’écris ton nom

Sur les cieux à bario­ler
Sur les silen­ces à écou­ter
Du bout des lèvre
J’écris ton nom

Sur les décom­bres
Sur les souf­fles cou­pés
Du bout d’une plume ravi­vée
J’écris ton nom

Sur le cen­tre de mon coeur
Sur les mots et les maux qui tuent
Pour les enro­ber d’un bou­clier
J’écris ton nom

Sur tout ce qui peut renaî­tre
Sur les ris­ques à pren­dre
Sur le vert et rouge per­sis­tants
J’écris ton nom

Sur tout ce qui est à réveiller
Pour cons­truire… de nos pro­pres mains
Le monde… de demain
*
J’écris ton nom

Et par le pou­voir d’un bond
J'ouvre grand les yeux de la conscience et m'élance
Je suis né pour te con­naî­tre
Pour te nom­mer

Révo­lu­tion… »


(inspiré du le poème Liberté de Paul Eluard http://www.poe­tica.fr/poeme-279/liberte-paul-eluard/
* Deux vers issus du billet : Le cer­cle des poè­tes réap­pa­rus : http://www.lejournaldepersonne.com/2012 … es-poetes/

La porte du bâti­ment royal s’entrou­vrit. Dans l’entre­bâille­ment, des par­che­mins vire­vol­taient, dan­saient au rythme d’une douce sym­pho­nie libé­rée. Au tra­vers du vitrail au-des­sus de la porte, se des­si­nè­rent une sil­houette, puis une autre, et encore une autre…

Le scri­bouillard eut envie d’aller se pré­sen­ter, mais alors qu’il eut fait quel­ques pas, passé la pan­carte, un dra­gon noir se maté­ria­lisa devant lui. Aus­si­tôt, la porte se referma et les sil­houet­tes s’éva­noui­rent. Face à l’inti­mi­dante créa­ture, l’homme recula. Le dra­gon ne bou­gea pas d’un cil, le toi­sant juste de ses yeux téné­breux. Un autre pas en arrière… et tout se figea, même un oiseau dans le ciel, entre deux arcs-en-ciel.

« … Qu’est-ce qui se passe ? »

« Chut ! » lui ordonna la plume.

« Oui, mais… C’est toi qui as pro­vo­qué cet arrêt ?! »

« L’essen­tiel n’est pas dans tes mots ! Tu ne dois pas per­dre de vue l’essen­tiel… »

« Ah ? Je me demande bien pour­quoi je te tiens alors… » répli­qua l’auteur avec un léger ton iro­ni­que.

« Cette joute ver­bale ne rime à rien… »

« Juste, nous som­mes en prose ! » rebon­dit la bou­che taquine.

« … »

« Tu sous-entends que le dra­gon, c’est moi qui…  ? Oh… Je dois le vain­cre à l’inté­rieur de moi ? Com­ment ?! »

La plume haussa ses bar­bes et se tourna vers le vor­tex qui com­men­çait à chan­ger de cou­leur…

« … Hey ! J’ai envie de la faire, cette révo­lu­tion ! Et d’aller voir, d’aller dis­cu­ter avec ces per­son­nes ! Pour­quoi tu veux qu’on aille s’embar­quer dans ce vor­tex ? »

L’auteur décida de se met­tre dans la posi­tion du lotus, face au dra­gon. Les con­tours de ce der­nier com­men­cè­rent à deve­nir flou…
Sou­dain, tout s’anima de nou­veau… mais le vor­tex avait grossi et l’englou­tit avec sa plume, ne lui lais­sant pas savoir si il avait réussi, ne lui lais­sant pas le choix.

Lorsqu’ils s’incar­nè­rent de nou­veau, le vor­tex, cette fois, se referma. Ils étaient reve­nus près de la bulle de Gel… L’homme grom­mela, se pro­met­tant de reve­nir visi­ter le pré­cé­dent « lieu » dès que pos­si­ble, d’une manière ou d’une autre…

to be con­ti­nued / à sui­vre / essere con­ti­nuato

Pas­cal Lama­chère - 27 sep­tem­bre 2012

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<![CDATA[Project Chaos - Histoire humoristique à suivre]]> Yope !

J’ai repris un scribouillage qui date un peu pour, je l’espère, le plaisir de vos zygomatiques. A prendre au second, troisième… au degré que vous voudrez. Attention cependant, malgré l’air automnal, au premier et au-delà du millième degré de lecture, un effet secondaire peut provoquer une flambée des pages ou de l’écran et des brûlures nécessitant une lecture kafkaïenne sombre qui fera baisser la température.

Te voilà prévenu fidèle (ou pas) lecteur/lectrice ! Ainsi, l’auteur décline toute responsabilité quant aux effets secondaires de l’histoire qui va suivre, d’autant plus qu’il ne sait pas encore tout ce qu’elle va contenir…

Bonne lecture smile

à votre bon vouloir !


Project chaos

Laissez-moi vous conter une histoire, celle d’un auteur muet qui se « démuetise »…

« Pourrais-tu m’aider à te dépoussiérer, Plume ?! »

A la plume d’envoler : « Je ne subie pas les affres de l’immobilité de l’air, mon cher. C’est ta main qui est vide de moi ! »

« Mais… je… c’est parce que… je… l’encre… mes histoires se sont immobilisées dans ses gelures et sa sécheresse ! »

A l’encre sang, enfermé dans une vaste caverne, de se manifester : « Hmm… Hmmm…. HMM ?!! Hey, oh ! Tu veux que je te tache de mes arcs-en-ciel ?! Tu t’es vu quand tu « silences » ?! Si mon antre n’avait pas été obturé par la cristallisation de tes flux, les relents de tes songeries, de tes salines refoulées, je t’aurais même bariolé les plages célestes du fin fond de l’univers ! »

« Euh… même pas cap ! »

Dans le noir le… presque plus complet, l’encre acheva le travail commencé, celui de percer les parois de sel pour dégouliner et jaillir soudainement sur les interstices de son contenant…

Dissolvant petit à petit la fortune cachée, des gouttes s’unir pour former des bulles, les bulles suivirent le courant de lumière pour s’envoler dans l’horizon stellaire…

« Hey ! Ne partez pas toutes ! J’ai besoin de vous ! »

A la plume de se rapprocher de la main : « Suivons-les ! »

« Mais… je ne sais pas voler ! »

La plume tirant la main : « Tu sais me saisir avec doigté et me faire danser des paysages lettrés par un mouvement qui s’appelle écrire ! Non ?! »

« … »

Aussitôt dit…

Une goutte d’encre se posa sur la face cachée de la lune, ou plutôt tomba au creux des babines d’un chat pas comme ses confrères terriens. Ce chat, Frippon, avait les pattes sur la courtisane de la terre. Mais… même si cela pourrait être un sujet de débat passionnant pour les éminents astronomes, biologistes, étymologistes et compagnie… ce n’était peut-être pas là sa plus marquante « curiosité ». En effet, au-delà du fait qu’il n’avait pas de scaphandre, de tenue spatiale, il était tout simplement translucide. Un œil humain aguerrit n’arriverait à distinguer sa forme… qu’à moins d’une dizaine de mètres.

Bref, ce Frippon n’était autre que le roi des chats de la Voie lactée – il faut dire qu’il n’y en avait pas d’autre sur les autres planètes de la galaxie – et alors que venait le visiter le roi Soleil, il restait le plus clair de son temps assis sur son trône lunaire situé au milieu de la face cachée de nos mirettes terriennes. Comment faisait-il pour régner sur le royaume des chats qui nous entourent ? Bonne question ! La réponse dans un autre chapitre, si les bulles d’encre le veulent bien. En « parlant » d’elles…

Pendant sa toilette, le gros matou se barbouilla quelques poils avant de finalement ingurgiter toute la goutte, sans que sa translucidité n’en soit altérée. Pas de quoi en faire un roman, juste de retranscrire quelques paroles échangées entre lui et Soleil devant la toile mirifique de l’océan d’en haut où évolue une cohorte inconnue :

« Miaou… Tu me grilles une fée de serre ? »

« Encore ? Tu sais, il n’en reste plus beaucoup ! Leur espèce est en voie d’extinction, et je dois les griller plus longtemps pour faire disparaître la pollution de leur chair. »

« Miaaaooou ! »

« Une dernière alors ! »

Etait-ce la cause du réchauffement planétaire ? Notre « ami » n’eut le temps « d’oraisonner » en son for intérieur : sur terre, non loin d’un volcan endormi, une autre bulle d’encre happa son attention…

(23 mars 2007)

La bulle était en train de se fondre dans toute la zone, devenant d’abord une microscopique couche, puis rejoignant petit à petit les rangs de l’atomique…

« Du silence
Un jour je suis né…
Et…
Après quelques explosions…
J’y suis retourné… »

Semblait vouloir dire les stigmates de la défunte activité du volcan.

En tachant les êtres vivants, en se mélangeant aux eaux des sources, des rivières et des lacs, en s’incrustant dans les pierres, en s’imprégnant des traces, en « mourrant pour y revivre » sous une autre forme, la poussière d’encre fit ressortir une tranche d’histoire du lieu : suite à leurs « bourdes » répétitives, les lutins - qui s'étaient occupés de la plomberie, des tuyaux, de la chaufferie au fond du cratère - avaient été mis au chômage. Technique ou virés ? Personne ne put le dévoiler. Ce qui fut avéré, c’est qu’il n’y avait plus de travail pour eux sur le lieu : à cause de leur dernière « négligence », le plus gros des relents de l’enfer à réguler sur le site avait souillé la nature et il ne restait donc plus rien à contenir, plus rien avant des millénaires. Ceci expliquait le relatif calme. Relatif, car non loin du volcan, dans une masure en lisière de la forêt circulaire, un homme vivait reclus, se cachait, aidé par le clan des fées Mérides…

« … Qu’est-ce que des fées Mérides ? » demanda l’auteur à sa plume.

« … Je t’en pose des questions ? » frémit la plume dans l’air.

« … Ben, j’y répondrais avec plaisir ! » rétorqua-t-il avec ses doigts.

« … Laisse couler l’histoire et tu auras ta réponse… » conclut la plume qui s’imbiba des atomes d’encre pour s’ancrer à une nouvelle page…

Reprenons le cours de notre tranche d’histoire…

… Dans une pièce quasiment vide, l’homme était assis devant une vieille table de bois. Il pouvait sembler se rapprocher de la cinquantaine avec quelques cheveux grisonnants, des joues légèrement fripées, des profondes rides montant légèrement vers le haut, comme si il avait fait trop de clins d’œil, un nez pouvant être qualifié de pif, des petites oreilles aux lobes légèrement pointus, un cou musclé, des épaules larges couvertes de « vêtements communs », « communs » pour des êtres d’une autre dimension. Non que l’homme n’était pas terrien, il n’était juste pas « humain », pas de notre dimension…

Mais ce n’est pas uniquement pour cela que les fées Mérides l’aidaient à se cacher, voilaient son existence, le rendaient plus ou moins invisible à tous, toutes dimensions confondues. Si par le pouvoir qui leur est conféré, ces fées peuvent à loisir vous inclure au cycle de la ronde ou vous en extraire, un peu comme si elles avaient le pouvoir de faire le casting de la destiné, du calendrier de la terre, elles prennent leurs ordres « d’en haut » et avaient pour mission de protéger cet être, ce qui passait par le « cacher ». Seule la fondue, la sorte de dématérialisation de la bulle a pu faire la « lumière » dessus…

L’homme posa sa plume, ramena ses bras recouverts de rien sur le bord de la table, se leva d’un bond, et dans sa tenue composée de « vêtements communs » qui ne sont autre que sa nudité, sa tenue d’Adam, il contempla un instant la lettre qu’il venait d’écrire. Elle était destinée à ses protecteurs, au conseil de la féerie. Il leur exprimait toute sa gratitude pour leur relative aide, tout en leur demandant de lui permettre de retourner d’où il venait, afin qu’il puisse agir d’une manière ou d’une autre, quitte à se mettre en danger…
Il hocha la tête en la mirant, comme pour se conforter dans l’idée qu’il prenait la bonne décision. Pouvait-il en être autrement ? Vivre seul en laissant son peuple se faire massacrer sous prétexte que de toute façon tout était perdu ? Il savait que le mage de son royaume avait voulu protéger ses intérêts en l’envoyant ici. Il l’avait accepté au début, dans le fol espoir que la nouvelle de sa disparition ferait cesser les agissements de la sorcière du septième cercle. Celle-ci avait juré sa perte suite à la « disparition » de quelques plantes rares qui avaient malencontreusement finies leur destin dans le ventre du fidèle destrier du souverain et les dernières nouvelles n’étaient pas bonnes : cette créature « rancunière » avait levé une armée de nains tristus fernus, des clones de droliticus fernus - des clones uniquement en corps, car l’âme des tristus est pervertie, leur unique raison d’être est de faire du mal sans forcément faire rire… Une hérésie au royaume du 999 !

Le nudiste sortit de ses songeries, se pencha pour attraper de la main gauche une clochette qui dormait à côté de l’encrier, il l’agita tout en tapotant la pointe de son oreille droite. Une fée Méride rentra dans la pièce, se posa sur son épaule droite et le fit cesser son drôle de geste.

« Vous êtes certain ? Vous avez pris votre décision ? Vous savez, on dit que rien ne peut arrêter cette sorcière ! » susurra, dans le vif du sujet, la fée de sa voix fluette.

« Que le grand auréolé me fasse liquéfier ou pousser des cornes sur le champ, si je ne le suis… euh, à la réflexion non, mais je veux essayer ! » répondit l’homme d’une voix presque éteinte.

« Je dois dire que ça nous soulage, nous sommes de plus en plus nombreuses, mais tout juste pour répondre à… la demande toute aussi croissante ! Aussi, messire Gel, si vous voulez bien vous écarter… » expliqua et requérra la fée.

Gel s’écarta légèrement, puis plongea sans se faire prier dans le passage que lui avait ouvert cette fée Méride…

Pas de quoi en faire un roman ! A peine un conte, une nouvelle ! Pensa l’oeil-coeur-cerveau qui faisait bouger la plume. Pas si sûr… En même temps que le passage s’était ouvert, la protection s’était évanouie et une autre bulle pu s’engouffrer dans cette autre dimension, prête à happer son attention, à quémander la pointe de la plume…

(19 octobre 2007)

… Cette dernière pointa dans la direction du vortex et commença à entraîner la main qui la tenait, avec le reste du corps par la même occasion. Son propriétaire sembla se laisser traîner, hésitant à suivre le chemin de l’étrange histoire qui s’était ancrée sous ses yeux…

« Bon, alors ?! T’attends que le croque-page ramène sa gomme dans les parages ? » vibra la plume retournée vers les mirettes.

« Hum ! J’ai le droit de décider où je te promène, non ? Et à vrai dire, je me demandais s’il ne serait pas plus intéressant de… Hey ! »

La plume, badine, avait coupé court à la pseudo rhétorique de la bouche de son maître en venant titiller ses narines. Dans la foulée, l’ouverture vers la dimension de Gel aspira tout l’air de la pièce. L’auteur n’eut d’autre choix que de se laisser aller, de se laisser guider pour à nouveau mettre en contact le fer et l’encre…

De « l’autre côté », la bulle avait déjà bien épousé des paysages lettrés jamais observés jusqu’à présent : au bord d’une vaste plaine d’eau verdâtre, un château trônait au sommet d’une montagne sableuse clairsemée, infestée de nains tristus fernu ; des personnes du bon peuple en guenilles avaient été attachées çà et là le long des sentiers escarpés, certains nains «  s’amusaient » à les enfoncer le plus profondément possible dans le sol friable, une sorcière assise sur un rempart de la plus haute tour tournait le dos à quelques nobles et mages immobiles. A l’intérieur des murs c’était tout autant la pagaille, si ce n’est plus, en dehors d’une pièce calme située dans les sous-sols. Il faut dire qu’elle était protégée par la magie du mage du royaume et que la sorcière n’avait pas encore pointé son nez dans les parages. Gel y était apparu et, sur une sorte de banc couvert de tissus, était visiblement rentré en transe face à son ami, tout aussi habillé de nu, en dehors du couvre chef pointu tout étoilé. Le silence serait aussi de la partie, si deux petites voix nainfernalesques ne l’empêchaient pas de se présenter.

La plume se faufila pour graver d’un peu plus près l’étrange scène.

Un nain emmitouflé dans une cape était en train de faire des mimiques, présentant, visiblement, sa dernière blague à deux autres nains, avec la complicité d’un autre.

« Je suis Super Con ! » affirma t-il sur un ton dramatique en se dodelinant.

«  Meuh… nan ! » fit semblant de rasséréner son comparse qui hocha la tête de bas en haut, tout en se faisant.

« Si si ! C’est mon nom ! »

« … Ah, Sisi c’est ton nom ?! »

« Mais non, Con ! »

« Je te permets pas ! C’est toi l’con ! »

« Oui, oui, c’est bien Con… mon nom de famille. »

« … C’est con comme nom de famille…»

« Naine en tutu bleu ! Je te l’avais dit ! T’es vraiment qu’un perroquet tristus tout joyeux ! » insulta le « capé ».

« Et toi t’es qu’un… qu’un… blagueur sans fernus ! » rétorqua le comparse qui se rua, cornes baissées, sur l’autre.

Les deux autres nains semblèrent prêts à se joindre à cette petite bagarre amicale. Devant l’affligeante tournure, l’attention de la pointe se retourna vers Gel qui s’était levé d’un bond et s’était mis en colère alors qu’aucune parole audible n’avait été échangée. Il avait visiblement fait le point de la situation par télépathie.

« Et si la sorcière met fin aux jours de quelques personnes ?! S’il lui venait l’envie de s’en prendre à mon amie Atine, je ne pourrais me le pardonner ! Je dois d’abord aller lui parler ! Lui faire une proposition qu’elle ne pourra décemment par refuser ! »

Le mage resta en transe, pour maintenir la pièce sous protection et pour…

« Oui, j’ai compris que des tractations sont en cours avec des droliticus, que vous êtes en train d’entamer les palabres par l’intermédiaire du conseil de la féerie ! Mais cela ne fera sûrement qu’alimenter le fléau !

De quoi je m’enflamme dans le vide ? Je… Et si je lui servais d’appât vers le lieu de réunion ?! Oui, cela pourrait être une bonne idée ! Je suis d’accord ! » sembla monologuer, voire soliloquer Gel.

Pour seule réponse visible, son ami forma une boulle avec ses mains, ce qui eut pour effet d’envelopper Gel dans une bulle. Il lévita aussitôt, sortit de la pièce en traversant le mur, tel un fantôme, fut l’objet d’attentions particulières des nains qui tentèrent – en vain  - de nombreuses pirouettes et qui ne réussirent qu’à le faire rebondir sur les parois de l’escalier qu’il « montait » à présent. D’infimes particules d’encre s’accrochèrent à la bulle lorsqu’elle s’engouffra par une fenêtre du premier étage…

La plume sembla hésiter à suivre Gel, le plus gros ayant imprégné cette rive, ce château, et d’autres bulles quémandaient son attention dans des ailleurs…

to be continued / à suivre / 待續 / essere continuato

© Pascal Lamachère – février 2008

(*) A la demande de FCSSS

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