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Yope !
J’ai repris un scribouillage qui date un peu pour, je l’espère, le plaisir de vos zygomatiques. A prendre au second, troisième… au degré que vous voudrez. Attention cependant, malgré l’air automnal, au premier et au-delà du millième degré de lecture, un effet secondaire peut provoquer une flambée des pages ou de l’écran et des brûlures nécessitant une lecture kafkaïenne sombre qui fera baisser la température.
Te voilà prévenu fidèle (ou pas) lecteur/lectrice ! Ainsi, l’auteur décline toute responsabilité quant aux effets secondaires de l’histoire qui va suivre, d’autant plus qu’il ne sait pas encore tout ce qu’elle va contenir…
Bonne lecture
à votre bon vouloir !
Project chaos
Laissez-moi vous conter une histoire, celle d’un auteur muet qui se « démuetise »…
« Pourrais-tu m’aider à te dépoussiérer, Plume ?! »
A la plume d’envoler : « Je ne subie pas les affres de l’immobilité de l’air, mon cher. C’est ta main qui est vide de moi ! »
« Mais… je… c’est parce que… je… l’encre… mes histoires se sont immobilisées dans ses gelures et sa sécheresse ! »
A l’encre sang, enfermé dans une vaste caverne, de se manifester : « Hmm… Hmmm…. HMM ?!! Hey, oh ! Tu veux que je te tache de mes arcs-en-ciel ?! Tu t’es vu quand tu « silences » ?! Si mon antre n’avait pas été obturé par la cristallisation de tes flux, les relents de tes songeries, de tes salines refoulées, je t’aurais même bariolé les plages célestes du fin fond de l’univers ! »
« Euh… même pas cap ! »
Dans le noir le… presque plus complet, l’encre acheva le travail commencé, celui de percer les parois de sel pour dégouliner et jaillir soudainement sur les interstices de son contenant…
Dissolvant petit à petit la fortune cachée, des gouttes s’unir pour former des bulles, les bulles suivirent le courant de lumière pour s’envoler dans l’horizon stellaire…
« Hey ! Ne partez pas toutes ! J’ai besoin de vous ! »
A la plume de se rapprocher de la main : « Suivons-les ! »
« Mais… je ne sais pas voler ! »
La plume tirant la main : « Tu sais me saisir avec doigté et me faire danser des paysages lettrés par un mouvement qui s’appelle écrire ! Non ?! »
« … »
Aussitôt dit…
Une goutte d’encre se posa sur la face cachée de la lune, ou plutôt tomba au creux des babines d’un chat pas comme ses confrères terriens. Ce chat, Frippon, avait les pattes sur la courtisane de la terre. Mais… même si cela pourrait être un sujet de débat passionnant pour les éminents astronomes, biologistes, étymologistes et compagnie… ce n’était peut-être pas là sa plus marquante « curiosité ». En effet, au-delà du fait qu’il n’avait pas de scaphandre, de tenue spatiale, il était tout simplement translucide. Un œil humain aguerrit n’arriverait à distinguer sa forme… qu’à moins d’une dizaine de mètres.
Bref, ce Frippon n’était autre que le roi des chats de la Voie lactée – il faut dire qu’il n’y en avait pas d’autre sur les autres planètes de la galaxie – et alors que venait le visiter le roi Soleil, il restait le plus clair de son temps assis sur son trône lunaire situé au milieu de la face cachée de nos mirettes terriennes. Comment faisait-il pour régner sur le royaume des chats qui nous entourent ? Bonne question ! La réponse dans un autre chapitre, si les bulles d’encre le veulent bien. En « parlant » d’elles…
Pendant sa toilette, le gros matou se barbouilla quelques poils avant de finalement ingurgiter toute la goutte, sans que sa translucidité n’en soit altérée. Pas de quoi en faire un roman, juste de retranscrire quelques paroles échangées entre lui et Soleil devant la toile mirifique de l’océan d’en haut où évolue une cohorte inconnue :
« Miaou… Tu me grilles une fée de serre ? »
« Encore ? Tu sais, il n’en reste plus beaucoup ! Leur espèce est en voie d’extinction, et je dois les griller plus longtemps pour faire disparaître la pollution de leur chair. »
« Miaaaooou ! »
« Une dernière alors ! »
Etait-ce la cause du réchauffement planétaire ? Notre « ami » n’eut le temps « d’oraisonner » en son for intérieur : sur terre, non loin d’un volcan endormi, une autre bulle d’encre happa son attention…
(23 mars 2007)
La bulle était en train de se fondre dans toute la zone, devenant d’abord une microscopique couche, puis rejoignant petit à petit les rangs de l’atomique…
« Du silence
Un jour je suis né…
Et…
Après quelques explosions…
J’y suis retourné… »
Semblait vouloir dire les stigmates de la défunte activité du volcan.
En tachant les êtres vivants, en se mélangeant aux eaux des sources, des rivières et des lacs, en s’incrustant dans les pierres, en s’imprégnant des traces, en « mourrant pour y revivre » sous une autre forme, la poussière d’encre fit ressortir une tranche d’histoire du lieu : suite à leurs « bourdes » répétitives, les lutins - qui s'étaient occupés de la plomberie, des tuyaux, de la chaufferie au fond du cratère - avaient été mis au chômage. Technique ou virés ? Personne ne put le dévoiler. Ce qui fut avéré, c’est qu’il n’y avait plus de travail pour eux sur le lieu : à cause de leur dernière « négligence », le plus gros des relents de l’enfer à réguler sur le site avait souillé la nature et il ne restait donc plus rien à contenir, plus rien avant des millénaires. Ceci expliquait le relatif calme. Relatif, car non loin du volcan, dans une masure en lisière de la forêt circulaire, un homme vivait reclus, se cachait, aidé par le clan des fées Mérides…
« … Qu’est-ce que des fées Mérides ? » demanda l’auteur à sa plume.
« … Je t’en pose des questions ? » frémit la plume dans l’air.
« … Ben, j’y répondrais avec plaisir ! » rétorqua-t-il avec ses doigts.
« … Laisse couler l’histoire et tu auras ta réponse… » conclut la plume qui s’imbiba des atomes d’encre pour s’ancrer à une nouvelle page…
Reprenons le cours de notre tranche d’histoire…
… Dans une pièce quasiment vide, l’homme était assis devant une vieille table de bois. Il pouvait sembler se rapprocher de la cinquantaine avec quelques cheveux grisonnants, des joues légèrement fripées, des profondes rides montant légèrement vers le haut, comme si il avait fait trop de clins d’œil, un nez pouvant être qualifié de pif, des petites oreilles aux lobes légèrement pointus, un cou musclé, des épaules larges couvertes de « vêtements communs », « communs » pour des êtres d’une autre dimension. Non que l’homme n’était pas terrien, il n’était juste pas « humain », pas de notre dimension…
Mais ce n’est pas uniquement pour cela que les fées Mérides l’aidaient à se cacher, voilaient son existence, le rendaient plus ou moins invisible à tous, toutes dimensions confondues. Si par le pouvoir qui leur est conféré, ces fées peuvent à loisir vous inclure au cycle de la ronde ou vous en extraire, un peu comme si elles avaient le pouvoir de faire le casting de la destiné, du calendrier de la terre, elles prennent leurs ordres « d’en haut » et avaient pour mission de protéger cet être, ce qui passait par le « cacher ». Seule la fondue, la sorte de dématérialisation de la bulle a pu faire la « lumière » dessus…
L’homme posa sa plume, ramena ses bras recouverts de rien sur le bord de la table, se leva d’un bond, et dans sa tenue composée de « vêtements communs » qui ne sont autre que sa nudité, sa tenue d’Adam, il contempla un instant la lettre qu’il venait d’écrire. Elle était destinée à ses protecteurs, au conseil de la féerie. Il leur exprimait toute sa gratitude pour leur relative aide, tout en leur demandant de lui permettre de retourner d’où il venait, afin qu’il puisse agir d’une manière ou d’une autre, quitte à se mettre en danger…
Il hocha la tête en la mirant, comme pour se conforter dans l’idée qu’il prenait la bonne décision. Pouvait-il en être autrement ? Vivre seul en laissant son peuple se faire massacrer sous prétexte que de toute façon tout était perdu ? Il savait que le mage de son royaume avait voulu protéger ses intérêts en l’envoyant ici. Il l’avait accepté au début, dans le fol espoir que la nouvelle de sa disparition ferait cesser les agissements de la sorcière du septième cercle. Celle-ci avait juré sa perte suite à la « disparition » de quelques plantes rares qui avaient malencontreusement finies leur destin dans le ventre du fidèle destrier du souverain et les dernières nouvelles n’étaient pas bonnes : cette créature « rancunière » avait levé une armée de nains tristus fernus, des clones de droliticus fernus - des clones uniquement en corps, car l’âme des tristus est pervertie, leur unique raison d’être est de faire du mal sans forcément faire rire… Une hérésie au royaume du 999 !
Le nudiste sortit de ses songeries, se pencha pour attraper de la main gauche une clochette qui dormait à côté de l’encrier, il l’agita tout en tapotant la pointe de son oreille droite. Une fée Méride rentra dans la pièce, se posa sur son épaule droite et le fit cesser son drôle de geste.
« Vous êtes certain ? Vous avez pris votre décision ? Vous savez, on dit que rien ne peut arrêter cette sorcière ! » susurra, dans le vif du sujet, la fée de sa voix fluette.
« Que le grand auréolé me fasse liquéfier ou pousser des cornes sur le champ, si je ne le suis… euh, à la réflexion non, mais je veux essayer ! » répondit l’homme d’une voix presque éteinte.
« Je dois dire que ça nous soulage, nous sommes de plus en plus nombreuses, mais tout juste pour répondre à … la demande toute aussi croissante ! Aussi, messire Gel, si vous voulez bien vous écarter… » expliqua et requérra la fée.
Gel s’écarta légèrement, puis plongea sans se faire prier dans le passage que lui avait ouvert cette fée Méride…
Pas de quoi en faire un roman ! A peine un conte, une nouvelle ! Pensa l’oeil-coeur-cerveau qui faisait bouger la plume. Pas si sûr… En même temps que le passage s’était ouvert, la protection s’était évanouie et une autre bulle pu s’engouffrer dans cette autre dimension, prête à happer son attention, à quémander la pointe de la plume…
(19 octobre 2007)
… Cette dernière pointa dans la direction du vortex et commença à entraîner la main qui la tenait, avec le reste du corps par la même occasion. Son propriétaire sembla se laisser traîner, hésitant à suivre le chemin de l’étrange histoire qui s’était ancrée sous ses yeux…
« Bon, alors ?! T’attends que le croque-page ramène sa gomme dans les parages ? » vibra la plume retournée vers les mirettes.
« Hum ! J’ai le droit de décider où je te promène, non ? Et à vrai dire, je me demandais s’il ne serait pas plus intéressant de… Hey ! »
La plume, badine, avait coupé court à la pseudo rhétorique de la bouche de son maître en venant titiller ses narines. Dans la foulée, l’ouverture vers la dimension de Gel aspira tout l’air de la pièce. L’auteur n’eut d’autre choix que de se laisser aller, de se laisser guider pour à nouveau mettre en contact le fer et l’encre…
De « l’autre côté », la bulle avait déjà bien épousé des paysages lettrés jamais observés jusqu’à présent : au bord d’une vaste plaine d’eau verdâtre, un château trônait au sommet d’une montagne sableuse clairsemée, infestée de nains tristus fernu ; des personnes du bon peuple en guenilles avaient été attachées çà et là le long des sentiers escarpés, certains nains «  s’amusaient » à les enfoncer le plus profondément possible dans le sol friable, une sorcière assise sur un rempart de la plus haute tour tournait le dos à quelques nobles et mages immobiles. A l’intérieur des murs c’était tout autant la pagaille, si ce n’est plus, en dehors d’une pièce calme située dans les sous-sols. Il faut dire qu’elle était protégée par la magie du mage du royaume et que la sorcière n’avait pas encore pointé son nez dans les parages. Gel y était apparu et, sur une sorte de banc couvert de tissus, était visiblement rentré en transe face à son ami, tout aussi habillé de nu, en dehors du couvre chef pointu tout étoilé. Le silence serait aussi de la partie, si deux petites voix nainfernalesques ne l’empêchaient pas de se présenter.
La plume se faufila pour graver d’un peu plus près l’étrange scène.
Un nain emmitouflé dans une cape était en train de faire des mimiques, présentant, visiblement, sa dernière blague à deux autres nains, avec la complicité d’un autre.
« Je suis Super Con ! » affirma t-il sur un ton dramatique en se dodelinant.
« Meuh… nan ! » fit semblant de rasséréner son comparse qui hocha la tête de bas en haut, tout en se faisant.
« Si si ! C’est mon nom ! »
« … Ah, Sisi c’est ton nom ?! »
« Mais non, Con ! »
« Je te permets pas ! C’est toi l’con ! »
« Oui, oui, c’est bien Con… mon nom de famille. »
« … C’est con comme nom de famille…»
« Naine en tutu bleu ! Je te l’avais dit ! T’es vraiment qu’un perroquet tristus tout joyeux ! » insulta le « capé ».
« Et toi t’es qu’un… qu’un… blagueur sans fernus ! » rétorqua le comparse qui se rua, cornes baissées, sur l’autre.
Les deux autres nains semblèrent prêts à se joindre à cette petite bagarre amicale. Devant l’affligeante tournure, l’attention de la pointe se retourna vers Gel qui s’était levé d’un bond et s’était mis en colère alors qu’aucune parole audible n’avait été échangée. Il avait visiblement fait le point de la situation par télépathie.
« Et si la sorcière met fin aux jours de quelques personnes ?! S’il lui venait l’envie de s’en prendre à mon amie Atine, je ne pourrais me le pardonner ! Je dois d’abord aller lui parler ! Lui faire une proposition qu’elle ne pourra décemment par refuser ! »
Le mage resta en transe, pour maintenir la pièce sous protection et pour…
« Oui, j’ai compris que des tractations sont en cours avec des droliticus, que vous êtes en train d’entamer les palabres par l’intermédiaire du conseil de la féerie ! Mais cela ne fera sûrement qu’alimenter le fléau !
De quoi je m’enflamme dans le vide ? Je… Et si je lui servais d’appât vers le lieu de réunion ?! Oui, cela pourrait être une bonne idée ! Je suis d’accord ! » sembla monologuer, voire soliloquer Gel.
Pour seule réponse visible, son ami forma une boulle avec ses mains, ce qui eut pour effet d’envelopper Gel dans une bulle. Il lévita aussitôt, sortit de la pièce en traversant le mur, tel un fantôme, fut l’objet d’attentions particulières des nains qui tentèrent – en vain - de nombreuses pirouettes et qui ne réussirent qu’à le faire rebondir sur les parois de l’escalier qu’il « montait » à présent. D’infimes particules d’encre s’accrochèrent à la bulle lorsqu’elle s’engouffra par une fenêtre du premier étage…
La plume sembla hésiter à suivre Gel, le plus gros ayant imprégné cette rive, ce château, et d’autres bulles quémandaient son attention dans des ailleurs…
to be continued / à suivre / 待續 / essere continuato
© Pascal Lamachère – février 2008
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C'est de la connaissance seule de la vérité que pourra naître un état social meilleur. (Emile Zola)
C'est la curiosité, l'obsession et la simple persévérance qui m'ont conduit à mes idées. (Albert Einstein)
Hors ligne
… SouÂdain, un vorÂtex noiÂrâÂtre se forma tout à côté. La plume et le corps lié y plonÂgèÂrent sans se poser de quesÂtion, pour réapÂpaÂraîÂtre dans un clair-obsÂcur.
Cette fois-ci, ce vorÂtex resta ouvert.
Non loin, en face, adossé à un mur de suie semÂblant n’avoir de fin, que cela soit en hauÂteur à droite ou à gauÂche, en desÂsous de l’uniÂque fenêÂtre - en arc de cercle légèrement pointu au sommet - visiÂble à vue d’oeil, un homme resÂtait immoÂbile, tête baisÂsée, crâne couÂvert d’une capuÂche noire, le reste de la chair emmiÂtouÂflée dans une toge tout aussi noire.
Les poils de l’auteur se dresÂsèÂrent. Il eut une étrange senÂsaÂtion, une sorte de froid dans le dos sans vraiÂment avoir froid, du moins qu’un court insÂtant, de celui qui préÂcède l’introsÂpecÂtion… De l’homme se dégaÂgeait une proÂfonde soliÂtude, comme s’il cherÂchait à se cacher de tous, y comÂpris de lui-même, sans pour autant en être totaÂleÂment affecté, y trouÂvant même une paix cerÂtaine, tel un puisÂsant feu dorÂmant proÂtégé par une bulle givrée avec assez d’espace pour qu’ils ne s’affecÂtent pas resÂpecÂtiÂveÂment.
Par la fenêÂtre, se disÂtinÂguèÂrent des ombres somÂbres rôdant autour, sur un fond bleu. De temps en temps, elles semÂblèÂrent vouÂloir mener un assaut, mais n’étaient pas assez éthéÂrées pour pasÂser à traÂvers la matière sépaÂraÂtrice, ni assez palÂpaÂble pour simÂpleÂment la briÂser.
… SouÂdain, la plume suinta l’encre sang, s’échappa de la main qui la tenait… et alla se dresÂser face à la fenêÂtre. Tout de go, dans un élan fluide, l’homme se redressa et se tourna vers la fenêÂtre, l’ouvrit en se saiÂsisÂsant de la plume qu’il agita dans l’air…
Il s’échappa des éclairs rouÂgeâÂtres qui allèÂrent frapÂper les ombres… et les transÂforÂmèÂrent en fleurs géanÂtes. L’homme lâcha la plume, grimpa sur le bord, sauta, comÂmença à couÂrir vers la gauÂche, en souÂleÂvant sa capuÂche au moment où il quitta l’horiÂzon vu par la fenêÂtre depuis la posiÂtion du scriÂbouilleur, et la plume n’en vit pas plus non plus, s’étant retourÂnée. Elle senÂtit néanÂmoins qu’il avait fait fonÂdre le givre et que son énerÂgie s’était conÂnecÂtée avec celle de ce monde… QuelÂques mots se dégaÂgèÂrent de tout ceci…
« Dans le silence agité
De l’ageÂnouillé,
Dans l’ombre
du chaÂgrin
alité,
TomÂbent les armes…
Une fois conÂsommé,
Il n’y a plus qu’à se baisÂser,
RamasÂser le glaive maculé
du pur
Et se releÂver
A la recherÂche de la vraie lumière… »
AusÂsiÂtôt ancrés, nos deux comÂparÂses repasÂsèÂrent par le vorÂtex… Qui ne s’évaÂpora touÂjours pas une fois arriÂvés dans un ailleurs, si ce n’est qu’il ne fut plus noiÂrâÂtre, mais… arc-en-ciel. Le ciel créÂpusÂcuÂlaire en était recouÂvert de pluÂsieurs. Un bâtiÂment cirÂcuÂlaire royal, en or rouge, resÂsemÂblant à celui du vilÂlage de FloÂroÂrie sur la plaÂnète de L’or des pasÂsaÂges, se dresÂsait devant. Juste à côté, sur une panÂcarte en or blanc, était écrit en or vert :
« Urgent,
CherÂche perÂsonÂnes motiÂvées pour faire la révoÂluÂtion uniÂverÂselle !
S’adresÂser à votre ambasÂsade féeÂriÂque en faiÂsant six fois le tour de vous même dans le sens des aiguilles d’une monÂtre, un poing levé et en coeuÂrant « vive le parÂtage ! » »
Sur ces mots, la plume s’agita, l’auteur se laissa guiÂder, exéÂcuta la sorte d’incanÂtaÂtion…
La plume révéla dans la fouÂlée ce qui dorÂmait dans une page blanÂche :
« Sur mes plans de scriÂbouilleur
Sur mes brouillons et la pousÂsière de toile
Sur l’ère de l’automne
J’écris ton nom
Sur tous les uniÂvers visiÂtés
Sur tous les insÂtants à venir
Glace feu eau ou terre
J’écris ton nom
Sur le jourÂnal aimé
Sur les calaÂmes posés
Sur le cri silenÂcieux des esprits
J’écris ton nom
Sur l’urbain et le rural
Sur les murs sur les toits et les foyers
Sur les staÂtues de sel
J’écris ton nom
Sur les rêves du jour et de la nuit
Sur les engreÂnaÂges hériÂtés d’oriÂgine rouillés
Sur le temps à dérouÂler
J’écris ton nom
Sur touÂtes les pages déchiÂrées
Sur les non-dits manÂgés par les vers
Sur l’horiÂzon qui bouge
J’écris ton nom
Sur les abîmes plaiÂnes et montagnes
Sur l'oeil de la lune
Et sur les crins solaires
J'écris ton nom
Sur chaÂque insÂpiÂraÂtion des triÂpes
Sur ce qui sépare et réuÂnit
Sur la soif et la faim de vie
J’écris ton nom
Sur les nuaÂges trouÂblés
Sur le vent déchaîné
Sur les goutÂtes volonÂtaiÂres corÂroÂsiÂves
J’écris ton nom
Sur les forÂmes tapies dans l’ombre
Sur les murÂmuÂres pesés dans le noir
Sur la vérité de l’union du corps et de l’esprit
J’écris ton nom
Sur les voies du réveil
Sur les aveÂnues à venir
Sur les conÂverÂgenÂces qui tréÂpiÂgnent
J’écris ton nom
Sur les écrans qui s’alluÂment
Sur les écrans qui s’éteiÂgnent
Sur nos raiÂsons senÂties
J’écris ton nom
Sur le socle inéÂbranÂlaÂble
De l’élan qui ne coupe la poire en deux
Sur ma main souÂple mais ferme
J’écris ton nom
Sur l’étinÂcelle bouillante
Qui ouvre les murs de ma tête
Sur les flux de mon corps et mon âme enraÂgés
J’écris ton nom
Sur ce qui ne doit plus durer
Sur les chaîÂnes à briÂser
Sur les remous des indiÂgnés
J’écris ton nom
Sur tout ce qui est avalé
Dans la poiÂgnée tenÂdue
Sur chaÂque poing levé
J’écris ton nom
Sur les cieux à barioÂler
Sur les silenÂces à écouÂter
Du bout des lèvre
J’écris ton nom
Sur les décomÂbres
Sur les soufÂfles couÂpés
Du bout d’une plume raviÂvée
J’écris ton nom
Sur le cenÂtre de mon coeur
Sur les mots et les maux qui tuent
Pour les enroÂber d’un bouÂclier
J’écris ton nom
Sur tout ce qui peut renaîÂtre
Sur les risÂques à prenÂdre
Sur le vert et rouge perÂsisÂtants
J’écris ton nom
Sur tout ce qui est à réveiller
Pour consÂtruire… de nos proÂpres mains
Le monde… de demain *
J’écris ton nom
Et par le pouÂvoir d’un bond
J'ouvre grand les yeux de la conscience et m'élance
Je suis né pour te conÂnaîÂtre
Pour te nomÂmer
RévoÂluÂtion… »
(inspiré du le poème Liberté de Paul Eluard http://www.poeÂtica.fr/poeme-279/liberte-paul-eluard/
* Deux vers issus du billet : Le cerÂcle des poèÂtes réapÂpaÂrus : http://www.lejournaldepersonne.com/2012 … es-poetes/
La porte du bâtiÂment royal s’entrouÂvrit. Dans l’entreÂbâilleÂment, des parÂcheÂmins vireÂvolÂtaient, danÂsaient au rythme d’une douce symÂphoÂnie libéÂrée. Au traÂvers du vitrail au-desÂsus de la porte, se desÂsiÂnèÂrent une silÂhouette, puis une autre, et encore une autre…
Le scriÂbouillard eut envie d’aller se préÂsenÂter, mais alors qu’il eut fait quelÂques pas, passé la panÂcarte, un draÂgon noir se matéÂriaÂlisa devant lui. AusÂsiÂtôt, la porte se referma et les silÂhouetÂtes s’évaÂnouiÂrent. Face à l’intiÂmiÂdante créaÂture, l’homme recula. Le draÂgon ne bouÂgea pas d’un cil, le toiÂsant juste de ses yeux ténéÂbreux. Un autre pas en arrière… et tout se figea, même un oiseau dans le ciel, entre deux arcs-en-ciel.
« … Qu’est-ce qui se passe ? »
« Chut ! » lui ordonna la plume.
« Oui, mais… C’est toi qui as proÂvoÂqué cet arrêt ?! »
« L’essenÂtiel n’est pas dans tes mots ! Tu ne dois pas perÂdre de vue l’essenÂtiel… »
« Ah ? Je me demande bien pourÂquoi je te tiens alors… » répliÂqua l’auteur avec un léger ton iroÂniÂque.
« Cette joute verÂbale ne rime à rien… »
« Juste, nous somÂmes en prose ! » rebonÂdit la bouÂche taquine.
« … »
« Tu sous-entends que le draÂgon, c’est moi qui… ? Oh… Je dois le vainÂcre à l’intéÂrieur de moi ? ComÂment ?! »
La plume haussa ses barÂbes et se tourna vers le vorÂtex qui comÂmenÂçait à chanÂger de couÂleur…
« … Hey ! J’ai envie de la faire, cette révoÂluÂtion ! Et d’aller voir, d’aller disÂcuÂter avec ces perÂsonÂnes ! PourÂquoi tu veux qu’on aille s’embarÂquer dans ce vorÂtex ? »
L’auteur décida de se metÂtre dans la posiÂtion du lotus, face au draÂgon. Les conÂtours de ce derÂnier comÂmenÂcèÂrent à deveÂnir flou…
SouÂdain, tout s’anima de nouÂveau… mais le vorÂtex avait grossi et l’englouÂtit avec sa plume, ne lui laisÂsant pas savoir si il avait réussi, ne lui laisÂsant pas le choix.
Lorsqu’ils s’incarÂnèÂrent de nouÂveau, le vorÂtex, cette fois, se referma. Ils étaient reveÂnus près de la bulle de Gel… L’homme gromÂmela, se proÂmetÂtant de reveÂnir visiÂter le préÂcéÂdent « lieu » dès que posÂsiÂble, d’une manière ou d’une autre…
to be conÂtiÂnued / Ã suiÂvre / essere conÂtiÂnuato
PasÂcal LamaÂchère - 27 sepÂtemÂbre 2012
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